Les Mots Clairs
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EXPRESSION CLAIR

EXPRESSION CLAIR

« 330 000 personnes sans domicile fixe. C’est deux fois plus qu’il y a dix ans. Chaque soir, de plus en plus éloigné de l’appel du premier février de l’année 1954, des milliers d’individus essuient un refus de la part du 115 en raison de l’absence de places d’hébergement disponibles. En 2023, on refuse encore à des parents et à leurs enfants de dormir au chaud la nuit et de vivre décemment le jour. On admet que de plus en plus d’étudiants fassent la queue à la banque alimentaire. La France, qui n’engage pas les ressources nécessaires au combat contre la précarité.

Convaincus que l’échelon local est le plus pertinent pour les associations, nous avons rencontré Nathalie Platini, présidente de la Croix rouge pour la fédération de la Meuse. Sans surprise, le constat est alarmant : les bénéficiaires de l’aide d’urgence le restent. Le temporaire devient structurel et les perspectives de sortir d’un état de pauvreté s’atrophient.

Pour cause, la précarité se généralise et se fait plus brutale. Elle frappe plus fort les femmes, les jeunes, les familles monoparentales et ne l’oublions pas, elle touche aussi ceux qui ont un travail, salariés ou entrepreneurs. Ils sont ainsi 2,1 millions à vivre sous le seuil de pauvreté en dépit d’une activité qui devrait leur garantir un niveau de vie décent.

Une croissance en berne – et il est peu probable que la tendance s’inverse – fait que les inégalités augmentent à mesure que les richesses se concentrent entre les mains de quelques-uns. Pour devenir aussi riche que son patron, un employé d’Amazon devrait travailler 4,5 millions d’années. C’est intolérable.

Au delà du constat, des chiffres et des mots, de la clarté dans les actes. Il est possible de lutter contre la précarité. L’élan de solidarité est nécessaire, certes. L’engagement de chacun, aussi. Mais des politiques publiques cohérentes le sont encore plus. Il s’agit de mobiliser des ressources en amont afin de prévenir la précarité. Il faut investir à fond dans l’éducation dès le plus jeune âge et dans la formation tout au long de la vie, dans ce qui autonomise chacun et qui donne à tous les moyens de réussir. L’année prochaine, cela fera 70 ans que l’Abbé Pierre a lancé son appel: il n’est pas trop tard pour y répondre. »

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